François Perlier
François Perlier est un jeune réalisateur diplômé de la formation de master de réalisation documentaire du CNBDI. Il a réalisé durant sa formation des documentaires sonores : Le foulard en 2005, et vidéo ; L’Appel, en 2006. Il a participé à l’atelier filmer la musique de la SACEM pour réaliser un film commun avec d’autres étudiants : Variations métisses. Il réalise actuellement son premier film dans le cadre professionnel : 1ère Brigade, documentaire historique, produit par la structure indépendante La Famille Digitale.
Hé oui c’est moi, quel homme !… on est pas dans la merde…
François, aka Francis, aka Frenchi, aka Ringo, aka La Ronflette, aka Rodrigo, aka Francis le Belge, aka La Perlouze, à réalisé 6% , 31% et 32%
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Cher Monsieur NB,
Je suis l’auteur du film hall6 (6%), François.
Je tenais à répondre à vos critiques et je trouve enfin le temps.
J’ai trouvé votre intervention pertinente dans la mesure où je me suis justement posé toutes les questions que vous abordez en réalisant le film.
Oui j’aurai pu amené Diraf et TT13 à la bibliothèque mais, comme moi à leur âge, ils n’y vont jamais : ils préfèrent rester à zoner avec leurs potes.
Par contre, ce sont eux qui m’ont amené dans le hall6 en me disant que c’était le lieu le plus important pour eux. Ils y passent tous les jours au moins une heure et y refond le monde. Je n’ai pas forcé le trait. Quand ils ont vu le film, ils ont dit : « ouais ben en fait c’est de quoi on parle tous les jours entre nous dans le hall c’est tout ».
Beaucoup de jeunes des quartiers HLM bossent la journée, font des études ou des formations (Diraf a été à la fac avant de se retrouver sans rien), ils ne zonent pas tous dans les halls. Eux si. Et je pense que ce n’est pas parce que les médias parlent beaucoup d’eux qu’il faut les oublier. J’aurai pu aller filmer le jeune du même quartier qui milite pour l’UMP, j’aurai pu suivre un autre de ces jeunes qui fait des études et est assidu et motivé. J’aurai pu faire un autre film.
Moi j’ai rencontré ces deux gars là. Ce qui m’a interpellé c’est la différence entre leur façon d’aborder la politique et la mienne : eux ils rapportent tout à leur univers étriqué, il voient çà comme un bloc massif assimilable à la police et donc à la répression et à l’ennemi. Cela m’interpelle, cette fracture entre eux et l’état.
Vous parlez de représentation clichée… mais la plupart des jeunes de leur âges sont dans la représentation vestimentaire, linguistique (quoi que ces deux là s’expriment bien) ou de la consommation… Et ce qui est certain c’est que la veille et le lendemain, ils étaient habillés pareil et parlaient de la même façon même si çà te semble cliché ces « codes banlieue », c’est leur façon d’être. (encore une fois je ne parle de mes deux personnages).
Pour moi, le mot cliché est comme le mot objectivité. Ils sont à éviter lorsqu’on parle de documentaire. La vie (des autres et la sienne) est un immense cliché. On ne filme que des clichés. Tout dépend comment on le fait. Moi j’aime les sujets « tarte à la crème » pour cela.
Vous dites que je procède à la manière du journaliste TF1. Je ne pense pas (même si je n’ai plus la télé depuis 8 ans pour en juger).
Prenons l’exemple du visage masqué de Diraf. Il n’a pas voulu quitter cette écharpe. Je me suis dit ok, après tout çà évoque des choses et puis c’est son choix. Un journaliste de TF1 aurait peut-être joué là-dessus, le côté méchant, gangsta… hors là, il y a une certaine distance qui est préservé et on écoute plutôt leur parole qui abolie l’effet de cette représentation: on a le temps et le champs pour comprendre qu’ils sont plutôt posés, pas agressifs, on les écoute et la relation est simple et claire avec le réalisateur et çà se voit. La distance permet de vite aller au-delà de la gestuelle, des fringues ou des mots employés.
Vous parlez « d’une caméra, qui prend le naturel en otage et le fait dériver vers de la « représentation » ». Et bien oui c çà la télé, mais là je crois que c tout le contraire. Je peux vous assurez qu’au bout de deux minutes d’ ITV, ils avaient vraiment envie de parler et le naturel a pris le dessus (surtout avec TT13). Je ne crois pas avoir créé une mise en scène qui prend le naturel en otage. J’ai tenté de leur donner assez d’espace pour qu’ils s’expriment, peut-être est-ce raté. Mais en tous cas je n’ai pas manipulé leur image.
Vous dites également : « Le cliché, à mes yeux, consiste à faire du « droit de rester zoner dans les hall d’immeubles » une revendication, et à mettre ça au même niveau que le droit au respect.
Jamais le réalisateur ne leur pose la question : « tu ne crois pas que, pour gagner/conquérir le respect (quitte à ce que ce soit à la force du poignet), tu ferais mieux de quitter ton hall d’immeuble ? ». »
Pour ce qui est de cette histoire de droit au respect, j’ai une autre lecture.
Ces jeunes squattent là à défaut d’avoir un autre endroit. C’est comme une provocation vis-à-vis des locataires mais surtout de la police (et donc de l’Etat). Ils ne demandent pas qu’on les respecte à squatter là, ils restent là pour ne pas être obligé de se disperser et donc de limiter leur vie sociale. Ils défendent çà comme un droit parce que sinon c’est plus d’endroit du tout et en plus ils entretiennent une « tradition » de ce lieu où leurs aînés squattaient déjà par dépit avant eux. (dixit les éducateurs du quartiers). Cela me paraît important ou en tous cas intéressant. Au moins autant que le fait qu’ils se sentent humiliés par les cognes ou les gens des quartiers plus favorisés.
Pour ce qui est d’interpeller en plus de simplement écouter.
Cette manière de les interpeller me paraît déplacée et provocatrice, et finalement assez proche d’une réflexion donneuse de leçon journalistique.
Si vous écoutez bien, je leur dis que « c’est peut-être à eux de prendre les choses en main pour arriver à sortir du hall puisqu’ils pensent qu’il faut des gens du quartier pour faire bouger les choses ». Ils répondent qu’ils ont essayé et sont désabusés… c’est leur sensation, est-ce a moi de jugé s’ils ont tout donné ou non ? Je ne crois pas. Moi je recueille leur sensation, je ne suis pas là pour leur apprendre la vie.
« Je le dis fort : je trouve qu’ils sont cons » aurait peut-être été une phrase plus proche de votre opinion. Moi en tout cas, je ne trouve pas qu’ils passent pour des cons, je prétends les avoir protégé justement de cela.
Sinon je ne pense pas que vous n’ayez pas le droit de donner votre avis même si vous n’êtes pas né à Blanc Mesnil au quinzième étage. Merci de l’avoir fait.
François
Commentaire par François — Dimanche 11 février 2007 @ 19:59